Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/233

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reconstructions aux immeubles. Mais on avait compté sans la lenteur des artisans de campagne. À cause d’elle, on se vit obligé de séjourner à Roche beaucoup plus longtemps qu’on n’aurait voulu.

C’est parmi ce désastre en quelque sorte, qu’Arthur Rimbaud fit Une Saison en Enfer. Toujours douloureux et quand même énergique, dans les moments où, à la pelle et à la pioche, il ne remuait pas des décombres, il s’installait, pour écrire, au pied d’un mur calciné et exposé en plein midi. — « Je suis assis, lépreux, sur les pots cassés et les orties, au pied d’un mur rongé par le soleil[1]. » — Et, lorsque les maçons et les charpentiers eurent enfin pris possession du chantier, il continua son œuvre dans une sorte de grenier à grain dont il avait fait sa chambre, au premier étage de la maison.


Presque toute la partie d’Une Saison en Enfer intitulée Mauvais Sang, en laquelle il interroge impitoyablement ses hérédités et sa vie passée, a été écrite ici et la, fin avril et commencement de mai 1873 ; ainsi que les illuminations intitulées Vies, où il s’explore âprement la conscience.

  1. Une Saison en Enfer.