Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/236

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se lever la croix consolatrice. J’avais été damné par l’arc-en-ciel[1].


Cette raison, pourtant, est aujourd’hui de second rang. Car, plus que jamais, il obéit à la force subconsciente dont nous avons parlé, force qui l’obligeait et devait l’obliger toujours à partir, à s’en aller, ce conquérant d’un autre monde que le nôtre, cherchant en vain, sur la terre, sa patrie spirituelle, cherchant en vain, parmi les réalités, des existences capables de communier seulement de cœur avec lui !


De nouveau fixés à Londres, les deux poètes ne tardèrent point à y filer des jours horribles de dissentiment, très irritables et très découragés qu’ils étaient devenus, l’un en face de l’autre. Rimbaud, lassé de la vie de cabaret menée par Verlaine, fatigué de ses doléances capricieuses, le laissait seul fréquenter de plus en plus les endroits de « cette ville de la Bible » où « le gaz flambe et nage », où « les enseignes sont vermeilles » et où « tout saute, piaule, miaule et glapit »

Dans le brouillard rose et jaune et sale des Sohos
Avec des indeeds et des all rights et des hâos[2].

  1. Une Saison en Enfer.
  2. Paul Verlaine, Sonnet boiteux (Jadis et Naguère).