Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/260

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D. — N’invoque-t-elle pas aussi comme grief votre intimité avec Verlaine ?

R. — Oui, elle nous accuse même de relations immorales. Mais je ne veux pas me donner la peine de démentir de pareilles calomnies.


Toute la vérité des faits de cette liaison, comme la psychologie respective des deux poètes en l’occurrence, est là, dans leurs paroles comme dans leur attitude. Il est déplorable que la perspicacité des magistrats brabançons ne s’y soit point tenue. Mais, pour un juge de tout pays, quel témoignage d’un artiste aux allures irrégulières et singulières pourrait détruire les allégations de la procédure engagée par un ancien notaire ? L’instruction sur ce point fut poursuivie. En ce qui concernait personnellement Verlaine, elle aggrava les présomptions. Et tous les efforts de Rimbaud pour sauver son agresseur n’aboutirent qu’à correctionnaliser l’affaire, à muer l’inculpation de tentative d’assassinat en accusation de coups et blessures, c’est-à-dire à conduire Verlaine devant une juridiction où les chances d’acquittement sont moindres qu’en cour d’assises. Les présomptions retenues lui valurent le maximum de la peine, deux ans de prison. Le jugement fut rendu le 8 août 1873.

De l’examen du dossier, il ne résulte nulle-