Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/279

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modifiait guère parmi l’auguste sérénité de l’estivale campagne. « Le combat spirituel aussi brutal que la bataille d’hommes persistait à faire rage en lui.

La nouvelle de la condamnation de Verlaine vint exaspérer encore son dégoût du monde des lettres ; et la sévérité du tribunal brabançon l’affermit dans l’assurance que « la vision de la justice est le plaisir deDieu seul », que Dieu seul a le pouvoir de découvrir la vérité dans l’âme et le corps.

Dieu. S’il ne l’avait nié jadis, il l’avait blasphémé ; il s’était armé d’imprécations contre lui. Aujourd’hui, il ne voulait pas encore rendre les armes. Et c’est de ce fatidique conflit intérieur entre sa nouvelle vision de la divinité et sa volonté de révolte, la raison présidant au combat, qu’est sortie Une Saison en Enfer.

Nous ne croyons pas que cet ouvrage, de même que les Illuminations dont il diffère tant, ait un équivalent d’intensité en aucune littérature. Jamais drame de conscience, que nous sachions, ne fut, sur des substructions de sincérité aussi fortes, construit avec une telle puissance et une telle âpreté de verbe dévêtu, ne fut conduit avec une telle rigueur de logique dans la mêlée la plus effroyable qu’on puisse imaginer des milices du Bien en rivalité impitoyable avec