Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/280

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celles du Mal, — et c’est surtout en cela qu’il serait, depuis les cathédrales gothiques, ce livre de quarante-cinq pages, l’affirmation la plus dense, la plus substantielle du christianisme, un témoignage poignant de la réalité catholique. Chaque mot y est un geste ; chaque proposition y est une scène ; chaque alinéa y est un acte ; il n’est jusqu’à la ponctuation qui n’y agisse décisivement. Tous coups portés par les adversaires semblent mortels ; et cependant les blessés, immortels qu’ils sont comme les lois divines, se relèvent toujours pour frapper sans moins d’énergie ni de fureur.

Ah il était revenu de bien loin, Jean-Arthur Rimbaud qui, un an auparavant, avait entrevu la communion des vices et des vertus et avait pensé, par cette fusion, ramener l’humanité & l’Eden, « à l’Orient et à la sagesse, première et éternelle ». Sophisme cela, sophisme de la folie ! juge-t-il à présent. Il le voit bien, ce rêve est l’Impossible. Aussi, chargé du péché d’autrui dont il se sent, dont il se croit, dont il est solidaire, car « les cadavres des méchants et des fainéants tombent sur le cœur des autres », c’est bien en Enfer qu’il est, « en bas », son être de lumière en butte à l’ignominie et à la griffe du monde, lui qui n’en est pas de ce monde, lui qui a vainement exploré ses atavismes et ses