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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

« Le monde bénit les poètes ! » Ô naïve grande âme ! Douce et héroïque illusion d’enfant ! Futur poète maudit !… Aussi bien, dans le même temps qu’il composait cette érudite chose, Arthur Rimbaud, sur les bancs du collège, rimait, rimait ; et c’est, parmi les poésies conservées : le Forgeron, Ophélie, Bal des pendus, Ce qui retient Nina, Vénus Anadyomène, où l’influence romantique et la parnassienne, tour à tour, se dénoncent ; le Châtiment de Tartufe, Rages de Césars, où se décèlent les tendances républicaines ; le Mal, qui prouve la lecture de Proudhon. ; et c’est, avant tout, ces deux quatrains prometteurs des Chercheuses de Poux, qui attestent chez le poète un goût, déjà, des promenades infinies à travers la campagne :


SENSATION


Par les soirs bleus d’été j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue

    les Déliquescences d’Adoré Floupette, taxées aujourd’hui inconsciemment de chef-d’œuvre, devait abuser à son tour un avocat méridional qui, plaidant dans une affaire d’internement, l’opposa, comme étant de Rimbaud, à l’accusation de folie par preuve de vers dont le héros du procès était victime. Auguste Vacquerie, philosophant peu après dans le Rappel sur l’affaire, n’hésita pas, en manière de protestation, à publier le sonnet avec la coquille pelreines (pour pélerines) et en l’accompagnant d’éloges dithyrambiques à l’adresse de Rimbaud.