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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas ; je ne penserai rien.
Mais l’amour infini me montera dans l’âme.
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, — heureux comme avec une femme.


Cependant Madame Rimbaud, dans le souci qu’elle avait de maintenir l’éducation de ses fils dans les principes rigoureux de morale bourgeoise et de religion catholique où elle vivait, ne s’apercevait pas sans chagrin et sans colère qu’Arthur se plongeait dans des lectures telles que la Confession d’un Enfant du Siècle. Elle fit, un jour, sévir le principal du collège contre le camarade prêteur du volume d’Alfred de Musset. Mais, à l’endroit de M. Izambard, elle était sans défiance. Elle n’aurait osé supposer qu’en sa qualité de professeur, d’éducateur diplômé, il pût détourner un jeune homme de ce qu’elle appelait les bons principes. Son opinion était, du reste, si fermement établie sur ce point, qu’elle laissait l’élève fréquenter à volonté avec le maître. Le professeur de rhétorique venait quelquefois à la maison ; et cette mère, dont le foyer était si jalousement tenu fermé aux importuns, le recevait volontiers, s’imaginant sans doute