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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

jeunes gens qui allaient avec enthousiasme s’enrôler comme volontaires, scrutant les salles de la gare et les bords de la Meuse. Et la nouvelle des victoires des Prussiens, de leur marche au-devant de l’armée française, de leur approche de Sedan, parcourait sinistrement les rues, au cours de cette nuit d’émoi Quand la mère si énergique, trop énergique peut-être, rentra chez elle avec ses petites filles tremblantes d’effroi, le fils n’était toujours pas à la maison.

Il avait vendu ses livres de prix et était parti en chemin de fer pour Paris.



Dans un poème, qu’il écrira en 1872 et dont l’inspiration est d’une tristesse prophétique en même temps que rétrospective, tristesse fille de celle du Bateau ivre, Arthur Rimbaud, avec des mots hallucinés et selon le procédé ultra-subjectif et symboliste de la plupart des Illuminations, a évoqué cet épisode de sa vie. Transcrivons ici, par anticipation, l’éblouissement de ces vers, en les faisant suivre d’une glose explicative soulignant le mouvement autobiographique et précisant peut-être, en même temps, le contour, l’arabesque, le « système »a de la pensée la plus irradiante qui se soit jamais exprimée en langue française :