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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

veillée, il se montre d’humeur plutôt gaie et a, pour ses petites sœurs, de toutes délicates attentions.

Le 31 décembre, Mézières, pour ses étrennes, est bombardé. Rimbaud assiste à ce spectacle d’écroulements et d’incendie ce qui n’est plus de la grisaille. Et, comme, à partir de la prise de Mézières, on logeait à Charleville des soldats allemands, sa mère le voit avec bonheur, avec espoir, s’intéresser aux choses du foyer, s’empresser aux démarches administratives nécessitées par l’occupation et, de cette manière encore, aider à la protection des fillettes.

Mais le milieu social carolopolitain l’offensait de plus en plus par sa médiocrité prétentieuse et sa malveillance. Du calme civil et de l’assiduité familiale, le jeune poète n’avait que les apparences. Aussitôt le siège de Paris levé, il vend sa montre et prend le train.



Arrivé dans la capitale, tout en errant plein de faim à travers les rues dont le mouvement, nouveau pour lui, lui donne le vertige, il découvre l’adresse d’André Gill, qui reluisait alors d’une triple gloire de caricaturiste, de rimeur et de révolutionnaire. Le jeune provincial n’hésita pas à aller frapper à la porte de ce frère.