Page:Berthelot - Discours de réception, 1901.djvu/23

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imprimés : le troisième était prêt en manuscrit, lors du siège de Paris en 1870, après une longue élaboration. Sa perte n’a peut-être pas été l’un des moindres parmi les désastres de l’année terrible. En effet, il fut brûlé par les incendiaires de la Commune, avec l’appartement et la maison de Bertrand, située rue de Rivoli, au voisinage de l’Hôtel de ville. Bertrand supporta ce malheur avec une douleur stoïque, mais il ne recommença jamais son travail.

Quoi qu’il en soit, l’ensemble de l’œuvre scientifique de Bertrand : mémoires originaux, leçons du Collège de France et traités élémentaires, présente certains caractères généraux, communs à tous ses travaux. Ils se distinguent par la netteté et la concision du style, la solidité des preuves, la fécondité des aperçus. Bertrand n’avait pas suivi en vain les leçons de son oncle Duhamel, célèbre par la précision un peu sèche de ses démonstrations, dont la certitude rivalise avec celle des géomètres grecs. La rigueur varie avec les temps et les conceptions, même dans le domaine du calcul : le jour n’est plus où l’on se contentait, en analyse mathématique, —-plus d’un homme célèbre l’a fait au dix-huitième siècle, — d’invoquer les analogies et la généralité de l’algèbre. Ce genre de preuves, emprunté à