Page:Berthelot - Discours de réception, 1901.djvu/69

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mot vide de sens… L’homme sent qu’il est libre : c’est là un fait qu’aucun raisonnement ne saurait ébranler. » —-Et vous ne nous défendez point de construire là-dessus des systèmes de métaphysique et, pour employer vos expressions, d’ « assembler par des liens individuels », c’est-à-dire selon les besoins de notre cœur, « les traits généraux tirés de la connaissance de la vie humaine et du monde extérieur » . Bref, vous nous permettez d’imaginer l’inconnu à notre gré, pourvu que cette imagination ne contredise à aucun moment les acquisitions progressives de la science, et qu’elle tâche de s’y raccorder à mesure. Ah ! Monsieur, quelle marge vous nous laissez encore !

Vous êtes persuadé, il est vrai, que, « depuis que les croyances religieuses ne sont plus la base de l’ordre social et de la moralité humaine, la somme de vertu et de dévouement qui est dans le monde n’a pas diminué ! loin de là » . D’une façon générale, vous n’avez pas bonne opinion des religions, même comme instigatrices de vertus, et vous avez travaillé, pour votre part, à compléter la laïcisation de l’État et de la vie publique. « Mais dans cette entreprise, avez-vous dit, il faut éviter à tout prix la violence, qui est contraire à la justice et qui