Page:Bertheroy - La Ville des expiations.pdf/32

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de Mlle Alyne, expliqua Mme Brichard ; elle a perdu son père la même année que le vôtre est mort ; alors comme sa mère ne voulait pas habiter Lyon, elle la confia à cette parente éloignée qu’elle appelle sa tante et qui l’a élevée, sans rien changer à des habitudes d’austérité déjà anciennes.

Ce que Mme Brichard ne disait pas, c’était qu’un drame resté mystérieux se plaçait au début de cette histoire. Théophile Rouzet, le père de Juliette, appartenait au monde de la haute industrie, menait grand train et passait pour avoir une grosse fortune ; — à la suite de quelles manœuvres imprudentes s’était-il trouvé tout-à-coup acculé à la faillite ou à la ruine ? Un matin, dans son cabinet, il s’était tué en absorbant le contenu d’un flacon d’éther. Ce suicide n’avait été connu que de ses intimes ; pour le public, Théophile Rouzet avait succombé aux suites d’une syncope causée par une maladie de cœur. Puis on s’était occupé d’autre chose. Les morts vont vite. La génération nouvelle se souciait peu des vieilles histoires et Juliette elle-même n’avait jamais su la catastrophe qui l’avait faite orpheline. Marcel, que sa fièvre agitait, se mit à pérorer avec violence, comme il le faisait quelquefois :

— N’est-ce pas un crime de tenir une fille de cet âge dans une servitude aussi étroite ? Quels sont