Page:Bertillon - Identification anthropométrique (1893).djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
PORTRAIT PARLÉ

Les autres observations anthropométriques seront transcrites intégralement à toutes fins utiles, mais les valeurs extrêmes ou excentriques, soit par défaut, soit par excès, devront seules alors attirer l’attention de l’agent.

L’excentricité d’une longueur par rapport à la moyenne, qui est donnée sur le tableau ci-joint page 141[1], se mesure au moyen de la valeur spéciale appelée écart de la moitié des cas (ou abréviativement écart simple)[2]. Cette valeur capitale est indiquée pour chaque mesure du tableau en haut de la colonne y relative.

Si une excentricité d’un simple écart suffit pour augmenter très notablement la valeur récognitive d’un signalement, au point de vue anthropométrique et de l’identification de cabinet, elle n’exerce qu’une influence bien minime au point de vue du signalement descriptif et de l’identification sur la place publique.

Aussi bien l’écart de la moitié des cas n’est-il mentionné sur le tableau de la page 141 qu’à cause du rôle qu’il peut être appelé à jouer en cas de contestation d’identité devant l’autorité judiciaire (voir Introduction, page XXXIII).

La taille, la hauteur du buste et la longueur de l’oreille exceptées, une longueur anthropométrique n’intervient utilement dans le signalement descriptif qu’à environ deux écarts et demi en deçà ou au delà de la moyenne. Les valeurs de cette sorte sont exceptionnelles au point de ne se rencontrer que moins d’une fois sur dix cas, d’où leur désignation d’écart des 9/10 des cas. On en trouvera le chiffre tout calculé sur le tableau, en dessous de l’écart de la moitié des cas.

On indique sur la fiche du portrait parlé que l’excentricité anthropométrique atteint l’écart des 9/10 des cas, en soulignant la valeur notablement trop grande, tandis que la valeur notablement trop petite sera entourée de parenthèses. Le signe, soulignement ou parenthèses, sera double si l’écart en plus ou en moins s’élevait à plus de trois fois et demi l’écart de la moitié des cas, c’est-à-dire, s’il dépassait la somme des deux écarts précédents (celui de la moitié, plus celui des 9/10 des cas). Une excentricité de cette importance ne s’observe plus qu’une fois sur cinquante cas.

Enfin toute valeur qui dépasserait cinq fois l’écart de la moitié des

  1. Disons en passant et pour prévenir toute fausse interprétation future, que ce tableau qui donne les dimensions moyennes ou probables correspondant à une taille déterminée, ne saurait être employé pour le problème réciproque, qui consisterait à remonter d’une dimension déterminée à la taille probable correspondante.
  2. Cette appellation, écart de la moitié des cas, lui vient de ce que cette valeur, ajoutée ou retranchée au chiffre d’une dimension moyenne, détermine les limites du groupe central qui réunit la moitié des cas observés.

    Ne pas confondre les valeurs de ce genre avec les chiffres du tableau de la page XXVI de l’Introduction. — Ces derniers visent l’erreur de mensuration, c’est-à-dire la quantité dont peut varier une longueur osseuse observée à différentes époques chez le même individu, tandis que le tableau ci-contre s’occupe des écarts de longueur qu’une certaine mesure peut présenter parmi un groupe de 1.000 sujets de même taille. (Voir également sur ce point la note de la page XXXI de l’Introduction.)