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LXIX
L’IDENTIFICATION À PARIS

Le problème à résoudre se présente en effet dans la pratique des choses sous les deux faces inverses dont nous avons déjà eu l’occasion de parler précédemment, savoir : 1o étant données les longueurs osseuses d’un récidiviste, trouver son nom : c’est le côté de la question qui ressort spécialement du répertoire anthropométrique classé par mensuration ; et 2o étant donné le nom d’un sujet mesuré précédemment, retrouver son signalement : problème bien simple auquel seule la collection alphabétique est à même de répondre.

Ce dernier point de vue qui théoriquement est moins intéressant que le premier, est pourtant celui qui en pratique se présente de beaucoup le plus fréquemment. Nous avons parlé dans la note de la page lxvi du criminel R… qui, ayant eu antérieurement maille à partir avec la police, put être réarrêté assez rapidement grâce aux particularités relevées sur son ancienne fiche signalétique. Or comment, en l’absence du sujet, retrouver cette ancienne fiche au moyen du nom seul, si le service central ne disposait pas à côté du répertoire anthropométrique d’une collection jumelle alphabétiquement classée par noms propres.

Autre hypothèse : on accuse, à tort ou à raison, le service anthropométrique d’avoir manqué la reconnaissance d’un certain récidiviste se dissimulant sous faux nom, et on en fournit comme preuve ce qu’on croit être son véritable état civil. La classification alphabétique va permettre de s’assurer immédiatement et d’une façon certaine, si le sujet en question a été réellement mesuré antérieurement sous le nom qu’on vient de lui retrouver ; et dans l’affirmative on comparera l’ancien signalement avec le nouveau pour découvrir l’origine de l’omission.

Nous dirons plus loin avec chiffres à l’appui combien rarement des fautes de ce genre sont constatées.

Mais le rôle de beaucoup le plus fréquent du répertoire alphabétique est de dispenser de remesurer et de rechercher anthropométriquement, à chaque nouvelle arrestation, les nombreux récidivistes qui reviennent sous leur véritable nom et qui forment à eux seuls plus de la moitié des entrées de chaque jour. La plupart d’entre eux n’ignorant pas que leurs antécédents judiciaires sont enregistrés et classés, ne font aucune difficulté pour reconnaître qu’ils ont déjà été mesurés et en informent immédiatement les agents interrogateurs devant les bureaux desquels ils défilent successivement.