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LXXXI
INTERNATIONALISATION

6.

INTERNATIONALISATION ET GÉNÉRALISATION DU PROCÉDÉ ANTHROPOMÉTRIQUE

Les pays qui, à l’heure actuelle, ont officiellement adopté l’identification anthropométrique sont : les États-Unis, la Belgique, la Suisse, la Russie, la plupart des républiques de l’Amérique du Sud, la Tunisie, les Indes anglaises, la Roumanie, etc.

Voici en quels termes la question de l’internationalisation du signalement anthropométrique a été posée à Berne par un étranger, M. le Dr Guillaume, ancien directeur du pénitencier de Neuchâtel, secrétaire général de l’Association pénitentiaire internationale, dans une assemblée des principaux fonctionnaires de justice et de police de Suisse, réunie officieusement au casino de Berne, le 19 décembre 1890, en vue de préparer l’application de l’anthropométrie judiciaire en Suisse[1].

On a constaté que les criminels de profession évitent le pays où l’on procède à l’identification par le moyen de l’anthropométrie. Lors de l’introduction du système Bertillon en France, on a pu remarquer une vraie émigration des récidivistes qui se dirigeaient vers la Belgique. Or, la Belgique suivant l’exemple de la France, il est à prévoir que les escrocs et les larrons de ces deux pays feront à l’avenir des États avoisinants leur nouveau champ d’exploitation. La Suisse ne saurait rester en arrière ; il entre dans ses devoirs internationaux de contribuer à son tour à la répression du crime, en adoptant le système Bertillon.

Ce qui est essentiel avant tout, c’est qu’on obtienne le signalement anthropométrique des vagabonds ; car ce sont eux qui parcourent les divers cantons et très souvent changent de nom, en arrivant dans une autre contrée. C’est dans cette classe de malfaiteurs que se recrutent surtout les délinquants d’habitude ce qui rend urgent de pouvoir immédiatement établir leur identité.

  1. Extrait des registres du Conseil d’État de la République et canton de Genève, du 10 juin 1891 — Décret d’organisation :

    « Le Conseil d’État, sur la proposition du Département de justice et police.

    Arrête :

    « Article premier. — Il est créé un service d’identification des détenus, par le système anthropométrique.

    « Art. 2. — Tous les individus arrêtés, aussitôt que le mandat d’arrêt aura été décerné par le juge d’instruction, seront, avant l’expiration dudit mandat, conduits au local destiné aux mensurations (Palais de justice, no 42).

    « Art. 3. — Tout détenu est obligé de se soumettre à la mensuration sous peine d’être considéré comme coupable de rébellion.

    « Art. 4 — Le Département de justice et police est chargé de prendre les mesures nécessaires pour l’exécution du présent arrêté, qui entrera en vigueur immédiatement.

    « Certifié conforme :
    « Le Chancelier. »