Page:Bertrand, Gaspard de la nuit, 1920.djvu/117

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La petite lumière se hâtait d’approcher et ne se hâtait pas de répondre. Mais bientôt apparut une figure de nabot habillée d’une tunique à paillettes d’or et coiffée d’un bonnet à grelot d’argent, dont la main balançait un rouge lumignon dans les losanges vitrées d’une lanterne.

« Qui est-ce là ? » répéta le suisse d’une voix tremblante, son arquebuse couchée en joue.

Le nain moucha la bougie de sa lanterne, et l’arquebusier distingua des traits ridés et amaigris, des yeux brillants de malice et une barbe blanche de givre.

« Ohé ! ohé ! l’ami, gardez-vous bien de bouter le feu à votre escopette. Là, là ! sang de Dieu ! Vous ne respirez que morts et carnage ! s’écria le nain d’une voix non moins émue que celle du montagnard.

— L’ami vous-même ! Ouf ! Mais qui donc êtes-vous ? » demanda le suisse un peu rassuré. Et il replaçait à son chapeau de fer la mèche de son arquebuse.

— « Mon père est le roi Nacbuc et ma mère la reine Nacbuca. Ioup ! ioup ! iou ! » répondit le