Page:Bertrand, Gaspard de la nuit, 1920.djvu/15

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l’aubépine et que le gland dont la chute crève la feuillée !...

— Et l’art, lui demandai-je ?

— Patience ! l’art était encore dans les limbes. J’avais étudié le spectacle de la nature, j’étudiai les monuments des hommes.

« Dijon n’a pas toujours parfilé ses heures oisives aux concerts de ses philharmoniques enfants. Il a endossé le haubert — coiffé le morion — brandi la pertuisane — dégaîné l’épée — amorcé l’arquebuse — braqué le canon sur ses remparts — couru les champs tambour battant et enseignes déchirées, et, comme le ménestrel gris de la barbe qui emboucha la trompette avant de racler du rebec, il aurait de merveilleuses histoires à vous raconter, ou plutôt, ses bastions croulants, qui encaissent dans une terre mêlée de débris les racines feuilleuses de ses marronniers d’Inde, et son château démantelé dont le pont tremble sous le pas éreinté de la jument du gendarme regagnant la caserne, — tout atteste deux Dijons : un Dijon d’aujourd’hui, un Dijon d’autrefois.

« J’eus bientôt déblayé le Dijon des xive et