Page:Bertrand, Gaspard de la nuit, 1920.djvu/195

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d’eau ; le ciel est noir ; la forêt est pleine de bruits ; le vent chasse la fumée vers le fleuve et se plaint en murmurant dans les plis des étendards.

III

Aucune trompette ne trouble l’écho ; aucun chant de guerre n’est répété autour de la pierre du foyer ; des lampes sont allumées dans les tentes au chevet des capitaines morts l’épée à la main.

IV

Mais voici que la pluie ruisselle sur les pavillons ; le vent qui glace la sentinelle engourdie, les hurlements des loups qui s’emparent du champ de bataille, tout annonce ce qui se passe d’étrange sur la terre et dans le ciel.

V

Toi qui reposes paisiblement au lit de la tente, souviens-toi toujours qu’il ne s’en est fallu peut-être aujourd’hui que d’un pouce de lame pour percer ton cœur.

VI

Tes compagnons d’armes, tombés avec courage