Page:Bertrand, Gaspard de la nuit, 1920.djvu/55

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Non, rien, si ce n’est, avec le sifflement de la cornue étincelante, les rires moqueurs d’un salamandre qui se fait un jeu de troubler mes méditations.

Tantôt il attache un pétard à un poil de ma barbe, tantôt il me décoche de son arbalète un trait de feu dans mon manteau.

Ou bien fourbit-il son armure, c’est alors la cendre du fourneau qui souffle sur les pages de mon formulaire et sur l’encre de mon écritoire.

Et la cornue toujours plus étincelante siffle le même air que le diable, quand saint Éloi lui tenaille le nez dans sa forge.

Mais rien encore ! — Et pendant trois autres jours et trois autres nuits je feuilleterai, aux blafardes lueurs de la lampe, les livres hermétiques de Raymond Lulle !

École Flamande

IX

DÉPART POUR LE SABBAT

Elle se leva la nuit, et allumant la chandelle prit une boîte et s’oignit, puis avec quelques paroles elle fut transportée au