Page:Bertrand, Gaspard de la nuit, 1920.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

se fit entendre un bruit de sabots à la porte. C’étaient de petits enfants qui chantèrent un noël.

— « Bonne dame de Chateauvieux, hâtez-vous, la foule s’achemine à l’église ; hâtez-vous, de peur que le cierge qui brûle sur votre prie-Dieu, dans la chapelle des Anges, ne s’éteigne en étoilant de ses gouttes de cire les heures de vélin et le carreau de velours ! — voici la première volée des cloches pour la messe de minuit !

— Noble sire de Chateauvieux, hâtez-vous, de peur que le sire de Grugel, qui passe là-bas avec sa lanterne de papier, n’aille s’emparer en votre absence de la place d’honneur au banc des confrères de Saint-Antoine ! voici la seconde volée des cloches pour la messe de minuit !

— Monsieur l’aumônier, hâtez-vous ! les orgues grondent, les chanoines psalmodient, hâtez-vous, les fidèles sont assemblés et vous êtes encore à table ! — voici la troisième volée des cloches pour la messe de minuit ! »

Les petits enfants soufflaient dans leurs doigts, mais ils ne se morfondirent pas longtemps à attendre, et sur le seuil gothique, blanc de neige, Monsieur l’aumônier les