Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/122

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demande la bourse, et qui veut accumuler sur sa tête des titres au lieu de talents. »

Chabanon échoue.

« Nous avons préféré, écrit d’Alembert, ne pouvant avoir Pascal-Condorcet, à Chapelain-Lemierre et à Cotin-Chabanon, Eutrope Millot qui a du moins le mérite d’avoir écrit l’histoire en philosophe et de ne s’être jamais souvenu qu’il était jésuite et prêtre. » Chabanon avait été, vingt ou trente ans auparavant, il s’en vante du moins, l’ami très intime de d’Alembert.

Dans ses mémoires, platement écrits, où, sans esprit, sans tact et sans décence, il raconte longuement ses succès et ses déceptions d’amour, il fait jouer à d’Alembert le rôle de confident, et l’excellent géomètre lui prodigue sa sympathie et ses consolations. Chabanon, dans un jour de grande tristesse, entre chez d’Alembert, qui, du premier coup d’œil, le voyant malheureux, l’accable de questions pleines d’intérêt sur la cause de son chagrin. Chabanon était amoureux et trahi.

« Comment peindre, dit-il, la sensibilité de d’Alembert et la fougueuse précipitation de ses mouvements ? Fermer la porte aux deux verrous, ouvrir un petit escalier qui répondait à la boutique du vitrier, y crier : « Madame Rousseau, je n’y suis pour personne ! » et revenir à moi, me serrer dans ses bras, ce ne fut pour lui que l’affaire d’un instant. »

Dans les premiers mots de d’Alembert reparaît