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CHAPITRE V

D’ALEMBERT ET LA SUPPRESSION DES JÉSUITES


Un personnage alors considérable — c’était le maréchal Vaillant — me disait un jour : « Je passe l’été dans une petite commune de Bourgogne ; là, quoique voltairien, chaque dimanche ma présence à l’église édifie les fidèles : vous me direz que c’est de l’hypocrisie ! — Ah ! maréchal ! répondis-je sans hésitation… — Vous voulez dire, continua-t-il, que ce n’est pas de l’hypocrisie : vous me feriez plaisir en m’expliquant pourquoi. »

Je fus embarrassé ; il s’y attendait et nous rîmes tous deux.

D’Alembert, incrédule convaincu et plus voltairien que Voltaire, affectait quelquefois, dans ses écrits et souvent dans ses discours académiques, des formes respectueuses qui contrastent avec le ton de sa correspondance. Pour l’accuser cependant d’hypocrisie, il faudrait ne l’avoir jamais connu. En ne compromettant ni l’Académie ni lui-même, il faisait preuve de