Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/135

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effet ; qu’il avait été composé à la hâte par des prêtres jansénistes et mal vérifié par des magistrats peu propres à ce travail ; qu’il était plein de citations fausses, de passages tronqués et mal entendus, d’objections prises pour des réponses, enfin de mille autres infidélités semblables.

« Telle est la prétention des jésuites. Les magistrats, dit d’Alembert, ont pris la peine de répondre. À quoi bon ?

« On ne peut nier, ajoute-t-il, que parmi un grand nombre de citations exactes, il ne soit échappé quelques méprises ; elles ont été avouées sans peine ; mais ces méprises, quand elles seraient beaucoup plus fréquentes, empêchent-elles que le reste ne soit vrai ? » D’Alembert ici se borne à oublier les leçons reçues à l’École de droit. Mais ce qui suit dépasse toute mesure.

« La plainte des jésuites et de leurs défenseurs fût-elle aussi juste qu’elle le paraît peu, qui se donnera la peine de vérifier tant de passages ? En attendant que la vérité s’éclaircisse, si de pareilles vérités en valaient la peine, le recueil aura produit le bien que la nation désirait : l’anéantissement des jésuites. »

Et ce n’est pas dans une lettre confidentielle, c’est dans le livre même de l’auteur désintéressé qu’on peut lire cet étrange passage.

Le tort fait à la justice et à la morale par un arrêt motivé sur des calomnies (telle est l’hypothèse) ne serait-il pas précisément conforme aux principes les plus dangereux reprochés à la société ? On pourrait