Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/140

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eux ils avaient ajouté deux fautes capitales. Nous n’en rappelons qu’une.

« Ils avaient refusé, par des motifs de respect humain, de recevoir sous leur direction des personnes puissantes (Mme de Pompadour) qui n’avaient pas lieu d’attendre d’eux une sévérité si singulière à tant d’égards. Ce refus indiscret a contribué à précipiter leur ruine. Ainsi ces hommes qu’on avait tant accusés de morale relâchée et qui ne s’étaient soutenus à la cour que par cette morale même, ont été perdus dès qu’ils ont voulu, même à leur grand regret, professer le rigorisme. Matière abondante de réflexion et preuve évidente que les jésuites depuis leur naissance jusqu’à cette époque avaient pris le bon chemin pour se soutenir, puisqu’ils ont cessé d’être dès qu’ils s’en sont écartés. » « Il est certain, telle est la conclusion de d’Alembert, que l’anéantissement de la société peut procurer à la raison de grands avantages, pourvu que l’intolérance janséniste ne succède pas en crédit à l’intolérance jésuitique. Car, on ne craint pas de l’avancer, entre ces deux sectes l’une et l’autre méchantes et pernicieuses, si on était forcé de choisir, en leur supposant le même degré de pouvoir, la société qu’on vient d’expulser serait la moins tyrannique. Les jésuites, gens accommodants pourvu qu’on ne se déclare pas leur ennemi, permettent assez qu’on pense comme on voudra. Les jansénistes, sans égards comme sans lumières, veulent qu’on pense comme eux. S’ils étaient les maîtres, ils exerceraient sur les