Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/148

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de d’Alembert. À la lettre écrite par le marquis d’Argens pour lui communiquer les offres de Frédéric, d’Alembert répondit :

« On ne peut être, monsieur, plus sensible que je le suis aux bontés dont le roi m’honore. Je n’en avais pas besoin pour lui être tendrement et inviolablement attaché : le respect et l’admiration que ses actions m’ont inspirés, ne suffisent pas à mon cœur ; c’est un sentiment que je partage avec toute l’Europe ; un monarque tel que lui est digne d’en inspirer de plus doux et j’ose dire que je le dispute sur ce point à tous ceux qui ont l’honneur de l’approcher. Jugez donc, monsieur, du désir que j’aurais de jouir de ses bienfaits, si les circonstances où je me trouve pouvaient me le permettre ; mais elles ne me laissent que le regret de ne pouvoir en profiter, et ce regret ne fait qu’augmenter ma reconnaissance. Permettez-moi, monsieur, d’entrer là-dessus dans quelques détails avec vous et de vous ouvrir mon cœur comme à un ami digne de ma confiance et de mon estime. J’ose prendre ce titre avec vous ; tout semble m’y inviter : la lettre pleine de bonté que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire ; la générosité de vos procédés envers l’abbé de Prades, auquel je m’intéresse très vivement, et qui se loue, dans toutes ses lettres, de vous plus que de personne ; enfin la réputation dont vous jouissez à si juste titre par vos lumières, par vos connaissances, par la noblesse de vos sentiments, et par une probité d’autant plus précieuse qu’elle est plus rare.