Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

même, était heureux d’employer sa faveur à venir en aide aux autres.

« Je me porte mieux, écrit-il, parce que le roi m’a donné hier une grande satisfaction : c’est d’accorder, sur les réprésentations que je lui ai faites, une augmentation de pension au professeur Euler, le plus grand sujet de son Académie, et qui, se trouvant chargé de famille et assez mal aisé, voulait s’en aller à Pétersbourg. » Euler resta à Berlin, mais on le désirait à Saint-Pétersbourg, et avec raison, car jamais académicien ne fut plus fécond ni mieux inspiré dans ses incessantes productions. Vingt ans après la mort d’Euler, l’Académie de Saint-Pétersbourg devait encore chaque année le plus grand attrait de ses recueils à la publication de ses mémoires inédits.

D’Alembert — on le voit par le trait que nous venons de citer et par d’autres passages de sa correspondance — était plein de déférence, d’admiration et de dévouement pour celui qu’il appelait le grand Euler.

« Le grand Euler, dit-il en racontant sa visite à l’Académie, m’a régalé d’un mémoire de géométrie qu’il a lu à l’assemblée et qu’il a bien voulu me prêter, sur le désir que je lui ai marqué de lire ce mémoire plus à mon aise. »

Il n’y avait entre eux, cependant, ni sympathie ni amitié. Lorsque, cinq ans après, Euler, devenu presque aveugle, accepta les offres de la Russie, c’est sur le conseil de d’Alembert et les chaleureux