Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/168

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excuser auprès de vous la liberté que je prends de vous écrire sans avoir l’honneur d’être connu de vous. C’est par zèle pour le service de l’État, duquel j’ai l’avantage d’être citoyen, que j’ai pris sur moi de vous sonder, monsieur, si vous pourriez écouter les propositions de concourir à l’instruction du jeune grand-duc de Russie. Rien ne peut vous donner une preuve plus convaincante de l’admiration générale que vous vous êtes acquise, que la confiance qu’une cour si éloignée met dans votre esprit et dans votre cœur ; c’est un mérite que Son Éminence M. de Pannin, gouverneur de ce jeune prince, voudrait se faire auprès de sa souveraine, que de mettre entre des mains si habiles un ouvrage qu’elle a tant à cœur. Toute l’Europe est si unanime sur l’éloge de notre gracieuse Impératrice, qu’il serait superflu de vous retracer ici la grandeur de son âme, son amour pour les sciences et pour ceux qui s’y distinguent, son humanité, sa générosité, si toutes ces vertus, en vous garantissant l’accueil le plus gracieux et les récompenses proportionnées au plaisir que vous lui ferez, ne me servaient d’arguments les plus stringents pour vous y inviter. Je sais bien que les richesses et les honneurs ne sont pas ce qui détermine un philosophe, mais l’occasion de faire un bien si important ne peut que vous tenter, d’autant plus qu’elle est accompagnée d’approcher une princesse des plus accomplies.

« Espérant, monsieur, que vous voudrez bien m’honorer d’une réponse favorable, j’ai l’honneur d’être