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CHAPITRE VII

D’ALEMBERT ET MADEMOISELLE DE LESPINASSE


D’Alembert dans son enfance n’avait appris ni les belles manières ni l’usage du monde. Sa renommée imposait l’indulgence ; rien de lui ne pouvait scandaliser ; il riait de tout sans jamais se contraindre, laissant un libre cours à sa verve satirique, déclarant sans colère ses inimitiés et ses griefs. Il semblait toujours, avec des formes libres et gaies, rappeler aux plus hauts personnages qu’en acceptant leurs invitations il trouvait bon qu’on lui en sût gré.

Avec les femmes il était timide, très tendre au fond du cœur, mais fier, facile à décourager et, pour des raisons que l’on ignore, l’ayant été presque toujours quand il avait voulu devenir plus qu’un ami.

Mme du Deffant et Mme Geoffrin, prôneuses et introductrices de d’Alembert dans la société élégante, avaient l’une et l’autre vingt ans de plus que lui. Ces deux amitiés dans leurs meilleurs jours ne pouvaient suffire à son cœur.

Lorsque d’Alembert mourut, Grimm dans sa cor-