Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/214

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nées ; peut-être même êtes-vous portée à pousser ce sentiment jusqu’à l’excès : mais, en ce genre, l’excès même est une vertu.

Votre courage est au-dessus de votre force ; l’indigence, la mauvaise santé, les malheurs de toute espèce exercent votre patience sans l’abattre. Cette patience intéressante et le spectacle de ce que vous avez souffert devaient vous faire des amis et vous en ont fait ; vous avez trouvé quelque consolation dans leur attachement et dans leur estime.

Voilà, mademoiselle, ce que vous me paraissez être : vous n’êtes pas parfaite, sans doute, et c’est en vérité tant mieux pour vous ; car le parfait Grandisson m’a toujours paru un odieux personnage. Je ne sais si je vous vois bien ; mais, telle que je vous vois, personne ne me paraît plus digne d’éprouver par soi-même et de faire éprouver aux autres ce qui seul peut adoucir les maux de la vie, les douceurs du sentiment et de la confiance.

En finissant ce portrait, je ne puis pas ajouter comme dans la chanson :


Le prieur qui l’a fait
En est très satisfait ;


mais je sens que je vous applique, et de tout mon cœur, le vers de Dufresny sur la jeunesse :


… Que de défauts elle a
Cette jeunesse ! On l’aime avec ces défauts-là.



FIN