Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/160

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— Et qui vous baillera, à vous, si grosse chevance ?

— La guerre.

— En Espagnes. Mécréants y remuent l’or à la pelle, y ferrent d’or leurs hacquenées. Le voyage vous duit-il ? Nous rançonnerons au pourchas les Maures qui sont des Philistins !

— C’est loin, messire, les Espagnes !

— Vous avez des semelles à vos souliers.

— Cela ne suffit pas.

— Les argentiers du roi vous compteront cent mille florins pour vous bouter le cœur au ventre.

— Tope ! nous rangeons autour des fleurs de lys de votre bannière la branche d’épine de nos bourguignotes. Que ramage la ballade ?

Oh ! du routier Le gai métier !

— Eh bien ! vos tentes sont-elles abattues ? vos basternes sont-elles chargés ? Décampons. — Oui, mes soudrilles, plantez ici à votre départ un gland, il sera, à votre retour, un chêne ! »