Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/288

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manège, pensa sagement qu’il était temps de clore la leçon.

— « Auguste, dit-il à un jeune garçon de douze ans, qui le premier avait donné l’exemple de la dissipation, allez prendre ce gros volume sur cette planche, et lisez-nous une histoire. Puis il ajouta sans amertume : Il faut savoir faire chaque chose en son lieu, et ne se permettre de rire et de badiner qu’après que l’on s’est acquitté de son devoir.

Les enfants confus demeuraient dans le silence le plus profond. Auguste ouvrit sur la table le livre poudreux dont les fermaux de cuivre retombaient des deux côtés. Il y avait dans ce livre de grandes figures dorées, des lettres en rouge et en bleu, et les feuilles glissaient sous les doigts, douces comme le vélin.

— Quelle est, demanda le vieux père, l’histoire marquée par ce ruban ?

— Le Pasteur de Saint- Wilfrid, répondit le jeune garçon.

— C’est bien, dit le vieillard, lisez, et vous, qu’on écoute : vous y verrez, enfants, comment le pasteur de Saint-Wilfrid, ayant un soir entendu frapper à la porte du presbytère, courut ouvrir, et trouva le Diable qu’il ne reconnut point, sous la figure d’un mendiant auquel il refusa de donner l’aumône, et vous y verrez comment il en fut puni par le Diable lui-même qui…

— Qui lui vola son bréviaire, dit un petit enfant.