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Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/160

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L’APPEL DU SOL

dehors du cerveau des philosophes, des législateurs et des juges de paix, et n’est-elle pas, comme la vérité de Pascal, bien différente en delà et en deçà des Pyrénées, sur cette rive ou sur l’autre du Rhin ? Mais je sais bien en tout cas que nous sommes les soldats de l’Idée. Nous nous battons parce que nous portons en nous, pour votre joie, mon capitaine, l’âme des croisés et des chouans, et aussi, ne vous en déplaise, celle des camisards et des sans-culottes. Ce sont, je n’en disconviens pas, des nécessités économiques qui déterminent toutes les guerres, celle-ci comme les premières, qui rendaient les hommes des cavernes maîtres de fourrures et de pierres taillées, comme celles par lesquelles les Israélites s’emparaient de la Terre promise et les peuples européens de leurs colonies : les réalités du monde matériel et physique poussent à ces crises du domaine matériel et physique. Mais une guerre n’a de grandeur que si l’idée s’en mêle, si elle est dominée par les réalités du monde psychique et moral.

» Ainsi, je crois que nous luttons pour assurer la domination des penseurs, des philo-