Page:Bertrand - La Femme qui était retournée en Afrique, 1920.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il s’abandonnait de nouveau au charme de ses souvenirs juvéniles, n’était-il pas imprudent de réveiller le plus doux & le plus dangereux de tous, celui de son ancienne maîtresse ?… Modesta ! Il se l’imaginait telle qu’elle était à seize ans, sur la terrasse de sa petite maison de Carthage, contiguë au sanctuaire du bienheureux Cyprien ! Elle arrosait, sur le rebord du mur, les pots de basilic, la poitrine bruissante de colliers & de médailles, le cou nu sous le cordon de son scapulaire. Ou bien, assise devant la porte, elle cousait des tuniques pour les diacres, elle brodait des manipules avec des soies multicolores, tenant entre ses doigts fins & durs l’aiguille industrieuse. D’autres fois, elle était accroupie sur une natte, le dévidoir posé à ses pieds, & elle avait aux mains