Page:Bertrand - Mémoires historiques et physiques sur les tremblemens de terre.djvu/276

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Cette terre étoit mêlée d’une grêle de pierres & d’une nuée d’étincelles & de fumée, qui répandoit l’odeur de souffre aux environs. Cette pluye de terre, aussi merveilleuse que celles des anciens nous sont suspectes, occupa environ une lieue d’étenduë, & la largeur de douze arpens. Son épaisseur étoit inégale & la moindre étoit de dix pieds. Tout cet espace, qui en fut couvert, fut rendu si uni, qu’il sembloit que ce fut un gueret fraichement labouré, sans qu’il y eut apparence d’y avoir eu des batimens. Ce tremblement fut au reste si violent, que près du village de Motera, le lac s’avança plus de vingt pas outre son ordinaire & qu’à Villeneuve, à la tête du lac, des tonneaux pleins de vin se trouvèrent dressés sur leurs fonds. Près de la ville d’Aigle une pièce de rocher se détacha & s’arrêta, sans faire autre mal, dans une fente de la montagne »[1].

Sou-


  1. Spon Hist. de Geneve, T. II. Gen. 1730. p. 139-142.