Page:Bertrand - Sanguis martyrum, 1918.djvu/217

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sirs, pour m’imposer une règle qui n’est pas la mienne, une protection dont je ne veux pas…

Et, se souvenant tout à coup des insinuations de Thadir, elle ajouta durement, afin qu’il y eût entre eux quelque chose d’irréparable :

« Oui !… pour m’imposer une affection, dont j’ai à rougir peut-être !… »

Cécilius, à ces mots, jeta un cri comme un homme blessé à mort :

« Ah !… Lélia, mon enfant, qu’as-tu osé dire ! »

Il la considérait avec des yeux pleins d’une douceur étrange. Mais elle se tenait devant lui, la tête haute, l’air révolté, inflexible dans son obstination, décidée à en finir, à conquérir enfin sa liberté. Sans se laisser attendrir, comme pour le pousser à bout, elle reprit agressivement :

« Encore une fois, qui es-tu pour vouloir me contraindre ? »

Ses prunelles étincelaient. Elles exprimaient une telle détermination et une telle force de résistance, une volonté tellement implacable, que Cécilius eut la sensation d’un mur élevé entre elle et lui. Ce regard effrayant de la jeune fille l’avait frappé plus que ses paroles. Il fallut qu’elle répétât, avec une intonation insultante :

« Mais qui es-tu donc ?

– Qui je suis ?… »

Il se redressa de toute sa hauteur, et, avec une majesté qu’elle ne lui connaissait pas, il prononça lentement : « Je suis ton père !…

– Mon père !… »

Comme foudroyée par cette déclaration, Birzil se refusait à comprendre. Elle balbutiait :

« Toi, toi ?… mon père ?…

Un sanglot jaillit de sa poitrine. Elle s’abattit sur un amas de coussins qui encombrait le lit de repos.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Soudain, elle se leva, rabattit son voile sur son visage