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le débutant

ses camarades du Populiste, eut une pensée d’indulgente philosophie, qu’il exprima en ces termes :

— Que veux-tu, mon pauvre vieux, il paraît qu’il faut toutes sortes d’individus pour faire un monde, et dans tous les milieux on rencontre des types dégoûtants et des braves cœurs.

Son ami parti, seul dans sa chambre, envahie peu à peu par l’ombre qui descendait sur la ville, sa chambre sans luxe, au tapis usé, aux fauteuils éreintés, Paul Mirot sentit une immense tristesse lui étreindre le cœur et le cerveau. Il n’y avait rien dans cette pièce, horriblement banale, pour mettre un peu de gaieté dans son esprit, rien pour le consoler dans sa solitude, personne non plus à qui parler. Il éprouvait la lassitude amère d’un jour de labeur stérile, et il se demandait avec angoisse s’il en serait ainsi le lendemain et les jours suivants. À cette heure, il regrettait sincèrement sa chambrette chez l’oncle Batèche, et il se disait qu’il aurait peut-être mieux fait de retourner vivre à Mamelmont, comme le lui avait conseillé Marcel Lebon.

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