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SÉBASTIEN CHARLES LECONTE

1865



M. Sébastien Charles Leconte est né à Arras (Pas-de-Calais), d’une vieille famille du pays, le 21 octobre 1865 Après avoir fait ses études de droit, il entra dans la magistrature et fut, pendant plusieurs années. Président de la Cour d’appel à Nouméa. Il profita des congés qui lui étaient accordés pour visiter l’Inde, la Polynésie, et étudier sur place les religions et l’histoire des peuples disparus. C’est en 1897, pendant un de ses rares séjours à Paris, qu’il publia ses deux premiers recueils : L’Esprit qui passe et Le Bouclier d’Arès. La même année, l’Académie française le couronna au concours pour son poème Salamine. Après un court passage dans les milieux littéraires, M. Sébastien Charles Leconte regagna son poste, qu’il quitta définitivement en 1901, nommé à la Cour de Dôle, où il est, depuis 1902, Président du Tribunal civil.

La poésie de M. Sébastien Charles Leconte, comme celle de M. le Vicomte de Guerne, s’apparente de très près à celle de Leconte de Lisie, au moins par l’aspect. Comme l’auteur des Poèmes barbares, M. Sébastien Charles Leconte trouve beau de donner une orthographe singulière à certains mots. Il n’écrit pas comme nous Empereur, Chaldée, Trésor, Moloch, Autocrate, Cithéron, Taurus, Acropole, mais Impérator, Kaldée, Thrésor, Molock, Autokrator, Kithéron, Tauros, Akropolis, etc. Il aime également à mettre des majuscules à certains autres : Homme, Beauté, Femme, Monde, Mal, Force, Esprit, Amour, etc… Il ne faudrait pas croire, cependant, que, sous ces grands mots, M. Sébastien Charles Leconte se désintéresse de son époque. Au contraire, il la regarde, et s’y mêle, au moins par l’esprit, très ardemment, et l’on voit passer dans son œuvre, enveloppées de l’éloquence du poète, les idées de justice et de bonté qui l’animent. S’il apporte dans ses fonctions ces nobles préoccupations, nul doute que M. Sébastien Charles Leconte ne soit le modèle du magistrat. Au milieu du mouvement et des nouveau-