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SAINT-POL-ROUX 197

guida leurs grands moutons de bois vers le bercail de Cornouailles.

Et les voici cherchant au tréfonds de leurs poches, sous le bonjour des cloches, et les voici cherchant le Cœur d’or ou d’argent juré devant l’écueil qui vêt en deuil les femmes de futaine allant pleurer à la fontaine...

Et les voilà cherchant le Cœur d’or ou d’argent, cependant que, sur l’herbe et la mousse, lassées par la route, elles s’étendent toutes, les douces fiancées aux longs cheveux de gerbe.

Mais ils ne trouvent dans leurs poches, sous le bonjour des cloches, ne trouvent que des sous, du corail, de l’amadou, puis des médailles ; les Cœurs d’or ou d’argent nullement.

Surpris, et pâles plus que des surplis, aussitôt ils comprennent qu’ils oublièrent au village l’ex-voto.

Lors pleurent les marins, dociles pèlerins, qui point ne veulent faire veuve des cadeaux la Sainte aux fins yeux d’algue envoyant des radeaux aux voyages fragiles, — tant on devient pieux d’aller par la mer bleue sous la superbe croix du mât et de la vergue !

Dans la brise, tout bas, déjà dorment les Promises de porcelaine emparfumées de marjolaine.

Tout à coup, dressant le cou, les cinq Gars de faïence tirent de leur ceinture cinq couteaux plus brillants que cinq sardines de Lorient et se dirigent, sur l’orteil, vers les cinq vierges en sommeil.

Les oreilles d’icelles, emmi les tresses blondes, semblent des coquillages dans le sable de l’onde.

Comme pour faire des folies, les cinq Gars s’agenouillent devant les Jolies rêvant sur l’herbe verte ainsi qu’est verte une grenouille.

Lorsqu’à défait chaque jeune homme corsage et corselet où rient deux pommes de Quimperlé voici qu’en les poitrines vives ils font d’un geste preste, avec des yeux de chandelier, font s’enfoncer les sardines d’acier.

Gielant soudain, du rose arrose la frimousse des anciens mousses : on dirait qu’un rosier de forge les pavoise d’un