Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/110

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les ministres rejettèrent ce plan, par la raison que des réserves ainsi situées seraient moins avantageuses à la couronne et au clergé, que si elles étaient partagées en plus petites portions, et entremêlées avec les terres concédées aux particuliers. « Il est bien à regretter, dit M. Smith, que le plan du gouverneur n’ait pas été adopté ; car l’établissement des terres incultes a été beaucoup retardé par un systême si préjudiciable aux progrès de la population et de la prospérité de la province. »

Un autre obstacle à l’accroissement de la population canadienne, ce furent les grandes étendues de terres que des particuliers, employés du gouvernement, eurent l’adresse de se faire concéder, ou pour mieux dire peut-être, l’impudeur de se donner à eux-mêmes, sans autre dessein que celui de les laisser incultes, pour les vendre quand elles auraient acquis plus de valeur, par le défrichement des terres voisines, et l’ouverture de chemins dans les environs.

Le 7 mai 1792, le lieutenant-gouverneur proclama la division de la province du Bas-Canada en comtés, cités et bourgs, et la fixation du nombre des représentans du peuple. Ce nombre fut fixé au minimum de l’acte constitutionnel, c’est-à-dire à cinquante. La proclamation établit deux cités, Québec et Mont-réal, et deux bourgs, les Trois-Rivières et William Henry, ou Sorel. Quant aux comtés, au nombre de vingt-et-un, Sir Alured donna tout simplement à presque tous des noms de comtés d’Angleterre on d’Irlande, sans aucun égard à la topographie, à la géographie, ou à l’histoire du pays, non plus qu’à la langue de l’immense majorité de ses habitans, pour qui la plupart de ces noms devaient être non seulement barbares, mais encore imprononçables ; c’étaient Gaspé, Cornwallis, Devon, Hertford, Dorchester, Buckinghamshire, Richelieu,