Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/122

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tatives hostiles du dehors : à l’ouverture du parlement, le 5 janvier 1795, il dit aux deux chambres : « Le soin que vous avez eu, dans la dernière session de la législature, de pourvoir à la tranquillité intérieure de la province, ainsi qu’à sa défense contre toute tentative du dehors, ne me permet pas de douter que vous ne persévériez dans cette louable vigilance, tant que nous serons menacés de la guerre, ou d’un fléau pire que la guerre ; je veux dire le nouveau systême de politique insidieuse et fourbe, imaginé pour séduire le peuple, et le rendre l’instrument de son malheur, et de sa destruction. » Son Excellence loue les membres des deux chambres de « leurs efforts zélés à promouvoir une obéissance générale aux lois » (nouvelles), auxquelles des mécontens, ou des ignorans avaient perversément, ou imprudemment conseillé de ne pas obéir.

À nulle époque, peut-être, les dangers que s’exagérait le gouvernement ne mirent les Canadiens dans un isolement aussi complet. M. de Larochefoucault-Liancour put faire une excursion dans le Haut-Canada, en 1795 ; mais l’entrée du Bas-Canada fut interdite à l’illustre et savant voyageur français ; et nous ne saurions dire par quelle faveur particulière, il fut permis à son ami, M. Guilemard, de descendre, mais rapidement, le Saint-Laurent, depuis Kingston (ci-devant Frontenac ou Catarocouy) jusqu’à Québec. Faire venir des journaux, ou même des livres directement de France, était une chose à laquelle il ne fallait pas penser ; et comme lord Dorchester n’était pas un anglificateur dans la force du terme, il aurait semblé qu’il ne voulait permettre aux Canadiens d’autre lecture que celle des insignifiantes gazettes du temps, ou des statuts provinciaux, dont la ridicule redondance, pour ne rien dire de plus, avait encore le défaut d’être barbarement traduite en français.