Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/329

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« La conséquence de ce différent, où les deux parties n’ont voulu se relâcher en rien de leurs prétentions extrêmes[1], ont été malheureuses et déplorables aux yeux de tous ceux qui ont pu envisager le sujet, en se dépouillant de toute passion et de toute prévention. Une de ces conséquences malheureuses a été la nécessité où s’est trouvé le représentant du roi d’approprier des fonds pour les services nécessaires de la colonie, sans la sanction de la législature coloniale, chose qui, dans un pays qui a la moindre prétention à la liberté, ne peut être justifiée que par l’absolue nécessité de prévenir une confusion générale et le renversement du gouvernement. Je ne dirai pas que, théoriquement parlant, ou sur un principe abstrait, il soit convenable que le gouverneur d’une colonie en approprie le revenu sans la sanction d’un acte de sa législature ; mais il n’est pas étonnant que, pressé par la nécessité, un gouverneur prenne tous les moyens qui dépendent de lui, pour maintenir la tranquillité du pays commis à ses soins.

« Quand les principes sont poussés aux extrêmes, la législature d’un pays peut sans doute en mettre le gouvernement dans l’embarras, et par une continuelle opposition, le harrasser au point de l’obliger finalement à accéder à ses prétentions : mais, dans l’intervalle, combien les résultats de la contestation ne sont-ils pas pernicieux aux habitans ? Il n’a été approprié, de cette manière irrégulière, que ce qui était absolument nécessaire pour le maintien du gouvernement. Toutes les améliorations ont été arrêtées… et si le pays n’est pas tombé dans un état d’anarchie, c’est que le représentant du roi a su soutenir convenablement son gouvernement. Il est de notre devoir d’empêcher le renouvellement d’un tel état de choses.

  1. Have stood on their extreme rights.