Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/347

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pétition de Québec, par rapport aux abus réels, dont elle demandait la réforme, mais qui avaient refusé de signer celle de Mont-réal : ceux-là n’avaient jamais été persuadés que c’était avec des assertions vagues, des résolutions tranchantes, encore moins au moyen d’une agitation populaire, qu’il fallait lutter contre les ministres britanniques et leurs jurisconsultes, qui raisonnaient, qui invoquaient, citaient et expliquaient la loi, de la lettre de laquelle il n’est pas permis de s’écarter, sous le système anglais de jurisprudence[1] ; ils n’avaient pas demandé que lord Dalhousie fût disgracié par son souverain, pour avoir exécuté ses ordres, et obéi à ses instructions ; ils ne s’étaient pas attendus que le gouvernement de la métropole concéderait à notre chambre d’assemblée le contrôle absolu de tout le revenu provincial, avec la faculté d’en empêcher l’appropriation, sans se réserver une liste civile permanente, ou quelque chose d’équivalent, pour assurer à ses employés dans la colonie une rémunération régulière ; ils croyaient que le rapport du comité spécial des communes n’avait été ce qu’il était qu’à la majorité d’une voix ; ils savaient qu’il s’était agi devant ce comité de l’union législative des deux provinces ; qu’il y avait été question d’un bill de représentation du conseil législatif de l’année 1820, en vertu duquel les habitans des townships auraient pu avoir, avec le temps, deux ou trois fois plus de repré-

  1. Dans ces sortes de contestations, ce n’est pas le nombre des voix, ou des signatures, qui doit l’emporter, mais la solidité des raisons. C’est une question de droit, non de fait, dont la décision n’est pas de la compétence du peuple ; et quand, au lieu de 87,000 « électeurs, tenanciers, ou propriétaires », le Bas-Canada en aurait fourni 870,000 pour appuyer la prétention, ou l’interprétation de la majorité de l’assemblée, cette prétention ne serait pas devenue bien fondée, conforme à la loi, si elle ne l’était pas auparavant. La popularité d’une proposition, ou d’une question, n’en démontre pas toujours, à beaucoup prés, la vérité morale ou philosophique.