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nada lui doit le monument érigé à la mémoire de Wolfe et de Montcalm[1].

Dans le même temps que le comte de Dalhousie laissait le Bas-Canada, le chevalier John Colborne remplaçait dans le Haut-Canada, Sir Peregrine Maitland, qui allait remplacer son successeur dans la Nouvelle-Écosse. On avait dit de Sir James Kempt, qu’il avait laissé, à Halifax, un lit de roses pour venir porter à Québec, une couronne d’épines : Sir John Colborne devait au moins s’attendre à trouver à York, plus d’épines que de roses.

Il y avait alors, dans le Canada Supérieur, un parti libéral, voulant consciencieusement la réforme des abus réels, dont néanmoins il s’exagérait un peu l’énormité ; mais ce parti réformateur, pour l’emporter sur le parti conservateur, ou de l’administration, avait recherché, loin de dédaigner, l’alliance des niveleurs ; toléré, sinon encouragé, la licence, la grossièreté du langage de leurs journalistes. C’était pour ce parti une alliance onéreuse,

  1. « Ajoutez que la grandeur et l’élégance vraiment attique du nouvel obélisque de pierre, érigé dernièrement ; que le dessein ingénieux, que la générosité chevaleresque, qui l’ont fait dédier à la mémoire immortelle de ces deux héros, Wolfe et Montcalm, ont mérité la reconnaissance et l’éloge cordial de chacun. » — Note d’un Voyageur Américain.

    La haine que certains journalistes nourrissaient, et paraissaient vouloir inspirer contre lord Dalhousie, leur faisait accueillir comme plaisanteries de bon goût et du bon ton, des quolibets, ou calembourgs, que, sous une impression différente, ils n’auraient pas crus recevables :

    « En voyant ce matin, (12 novembre) la cérémonie qui a eu lieu, à l’occasion du monument que l’on élève à Wolfe et Montcalm, j’ai songé comme suit ; si par une figure de rhétorique, Wolfe et Montcalm revenaient en ce monde, ne diraient-ils pas : « Hélas ! vanités des vanités : nous espérions une place parmi les héros, et l’on fait de nous en Canada, des admirateurs de patates, des planteurs de choux, et des garde-légumes, dans le potager du gouverneur.

    Jadis dans les combats balançant le destin,
    Voilà Wolfe et Montcalm priapes d’un jardin.
                   À moi la médaille offerte. »