Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/358

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der sur-le-champ, si l’opinion de son collègue était fondée, ou non, et se retira. Il ne tarda pas pourtant à croire l’opinion contraire fondée, car le lendemain, il monta sur le banc, et y siégea seul.

L’affaire n’en pouvait pas rester là ; elle ressemblait fort à un drame : l’esprit de parti y voulut jouer un rôle ; il s’en acquitta gauchement, fit entendre des cris, au lieu de paroles intelligibles, et amena promptement un dénouement presque tragique. Le juge Willis avait paru favorable à la manière de penser et d’écrire des niveleurs ; et ceux-ci, par leurs éloges outrés, et souvent maladroits, purent le faire passer pour un homme factieux, cherchant à se populariser, aux dépens de la classe élevée de la société, du cours régulier des lois, et du bon ordre public. Quelques jours après qu’il eut fait la déclaration et la protestation dont nous venons de parler, le lieutenant-gouverneur le destitua, de l’avis de son conseil.

Aussitôt, grande rumeur, et agitation dans la ville d’York ; et les libéraux et les niveleurs de se rallier, pour ne faire qu’un corps et qu’une âme, et présenter, de concert, une adresse de condoléance et de sympathie à M. J. W. Willis. C’était bien le moins qu’un homme qui, à n’en pas douter, avait agi consciencieusement, et avait été disgracié pour l’avoir fait, reçût quelque espèce de consolation. On dut seulement regretter de voir les noms des sieurs Francis Collins et W. L. M’Kenzie, associés à ceux de MM. Sherwood, Baldwin, M’Millan, Small, Galt, Fenton, &c., et le style des libéraux déparé par quelques unes des expressions du radicalisme, dans l’adresse suivante :

« À l’honorable John Walpole Willis : »

« Nous soussignés, habitans du Haut-Canada, avons appris avec plaisir votre arrivée ici, après avoir été