Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/69

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aux Trois-Rivières. Sullivan crut qu’il aurait bon marché de cette division, s’il pouvait l’attaquer avant qu’elle eût été jointe par les autres. Il fit embarquer sur le lac Saint-Pierre 1,800 hommes sous le commandement du brigadier Thompson, pour aborder à la Pointe du Lac, et de là s’avancer sur les Trois-Rivières ; mais avant d’y arriver, ils rencontrèrent le brigadier Fraser, à la tête d’un corps de troupes plus nombreux que le leur. Il s’en suivit un combat meurtrier, qui se termina à l’avantage des Anglais. Le général Thompson et le colonel Irwin, commandant en second, furent faits prisonniers avec environ deux cents de leurs gens. Le reste retraita précipitamment, à travers les plaines marécageuses du nord du lac, et alla rejoindre les autres troupes américaines à Sorel.

Les forces anglaises se montaient alors à 13,000 hommes, et Sullivan n’en avait que 5,000. Ce général remonta le Richelieu, et gagna successivement le fort de Chambly et celui de Saint-Jean, où il fut joint par Arnold, qui ramenait avec lui la garnison de Mont-réal. Après avoir détruit ce dernier fort, et occupé momentanément l’Isle-aux-Noix, Sullivan traversa du nord au midi le lac Champlain, et se replia sur les forts de Crown-Point et de Ticonderoga, d’où l’expédition américaine était partie, huit mois auparavant.

« On avait trop compté dans cette entreprise, dit un écrivain français, sur la faveur d’une partie des Canadiens, et sur leur coopération : cette fausse espérance fit commencer avec des moyens trop faibles une conquête où l’on ne pouvait s’appuyer que sur ses propres forces. Néanmoins cette expédition, quoique malheureuse, avait offert aux Américains de nombreuses occasions de déployer leur courage ; elle avait signalé les vertus militaires et civiles de Richard Montgomery,