Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/75

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ment du commerce, ne fut pas du goût de tout le monde, même dans les provinces de Québec et d’Halifax.

Quelques Canadiens, « que leur zèle avait emportés trop loin contre le gouvernement britannique », avaient abandonné leur pays, après la retraite d’Arnold, pour chercher un asile chez les Américains. D’autres furent alors, ou plus tard, emprisonnés, comme soupçonnés de favoriser la cause des « rebelles ». Depuis longtems, les Canadiens étaient intrigués, travaillés en sens contraire : le congrès américain leur avait adressé une seconde invitation ; Washington en avait fait de même ; et lorsque la France se fut déclarée l’alliée des provinces insurgées, en 1778, le comte d’Estaing, venu, dans l’automne de la même année, dans les parages américains, avec une escadre, leur adressa une lettre, ou proclamation, dans laquelle il leur disait, en substance, « Qu’étant du même sang, parlant la même langue, ayant les mêmes coutumes, les mêmes lois, la même religion que les Français, ils devaient se joindre à leurs anciens compatriotes, afin de secouer le joug d’une nation étrangère, vivant dans un autre hémisphère, avec des coutumes et une religion différente ; qu’il était autorisé par sa Majesté (Louis XVI) à offrir un appui à tous ceux qui étaient nés pour goûter les douceurs de son gouvernement, à tous ses compatriotes de l’Amérique Septentrionale ; que les Américains et les Français formaient comme un seul peuple, et qu’ils étaient également leurs amis ; que se lier avec les États-Unis c’était s’assurer son bonheur ; qu’enfin tous les anciens sujets du roi de France qui ne reconnaîtraient pas la suprématie de l’Angleterre, pouvaient compter sur son appui et sa protection. »

La proclamation du comte d’Estaing eut peu d’effet sur le peuple, et encore moins sur le clergé et la no-