Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/213

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erreurs dans les faits, qui se trouvent dans le discours de M. l’orateur, me forcent à élever la voix pour lui répondre. Je n’entreprendrai pas de le suivre dans toute cette longue chaîne d’argumentations soignées et travaillées depuis longtems, renfermant une foule immense de considérations, dont les unes, pour lui rendre justice, sont vraies et lumineuses, et les autres pernicieuses et désorganisatrices. Je ne les ai pas encore toutes lues, ces résolutions, mais il y en a une ou deux que je dois signaler. Elles contiennent des doctrines nouvelles pour ce pays, et qui lui devront être fatales. Je me doutais que les résolutions seraient violentes, emportées, mais je ne croyais pas qu’elles le seraient jusqu’à l’exaspération et la démence. Dans les 49ème et 50ème résolutions, il est clairement énoncé que si l’on ne fait pas comme il est demandé, ou veut la guerre, et on en appelle aux États-Unis. Il est dangereux de déclarer la guerre et d’en appeler aux Américains… La passion domine quelquefois les hommes publics, c’est cette passion qui leur fait dire : « Ôte-toi de là que je m’y mette »… Je veux occuper la place de cette misérable « faction anglaise »… Voilà les sentiments de l’orateur, quand il parle d’hommes qui sont morts et qu’on ne connaît pas ; et ce sont encore ses expressions, quand il parle de griefs. Pour exciter les passions et nous précipiter dans ces écarts, il s’en vient nous parler du peu d’humanité de gens morts il y a cent ans. Mais qu’est-ce que cela a à faire ici ? Nous coupe-t-on les oreilles aujourd’hui ? Nous jette-t-on dans des vaisseaux pourris ? Nous donne-t-on la bastonnade ? Y a-t-il une preuve plus convaincante de notre liberté que les termes envenimés et insultants dont il se sert contre ce qu’il appelle