Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/262

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de diatribes contre le gouverneur, que M. Papineau ou un membre quelconque, put outrager, sans être rappelé à l’ordre. Les nouveaux membres parlèrent peu, à l’exception de l’Irlandais « élu par des Canadiens qui ne l’avaient ni vu ni connu », et qui débuta par une violente et dégoûtante philippique contre le gouverneur. M. Rodier s’efforça d’imiter son modèle admiré, mais il n’insulta pas lord Aylmer, non plus qu’un jeune avocat canadien, nommé à un emploi honorable, impunément ou sans exciter l’indignation de M. Gugy[1]. Mais à l’occasion d’une dépêche du comte d’Aberdeen, et à l’exemple de M. Papineau, M. Morin put dire, omnibus silentibus, ant forsan stupentibus, au même, ou du même M. Gugy : « Croit-il aussi que la chambre s’oppose à l’éducation, au moment qu’elle est traitée, dans les dépêches du comte d’Aberdeen qui viennent d’être lues, avec toutes les prétentions la brutalité, l’ignorance et l’absurdité d’un tory[2].

  1. M. Rodier : « Mais quels étaient enfin les titres de ce jeune homme auprès de son Excellence ? Apostat de la cause du peuple et renégat politique, son mérite était d’avoir trahi ses concitoyens. »

    M. Gugy : « Quel droit a M. Rodier d’appeler apostat et renégat le jeune avocat récemment nommé greffier de la couronne en chancellerie ? La liberté tant vantée de M. Rodier consiste-t-elle pour lui à appeler apostat et renégat un homme dont les opinions ne s’accordent pas avec les siennes ? »

  2. N’est-il pas au moins étrange d’attribuer au toryisme du comte d’Aberdeen l’étrange prévention ou erreur de jugement qu’il montre dans le paragraphe suivant :

    « La discussion de cette question en faveur du séminaire de Saint-Sulpice, entraîna des conséquences que tout Canadien, quelle que soit son origine nationale ou sa croyance religieuse, aurait également raison de réprouver… telles que la nécessité de recruter continuellement d’étrangers venant de France les membres d’une corporation qui devrait avoir au plus haut degré possible, les intérêts et les sentimens, non pas d’habitans français venant d’un pays étranger, mais du peuple canadien*. »

    * Le comte d’Aberdeen dut revenir de ses préventions et de son erreur, en lisant, un ou deux ans plus tard, le Vindicator ou La Minerve.