Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/351

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servais encore de donner toute satisfaction raisonnable :

« Je transmets toute la correspondance à la chambre d’assemblée, avec un vif désir que la question soit discutée impartialement, sans égard pour mon opinion. Dans la place que j’occupe, je forme une des trois branches de la législature, et je demande pour moi-même la liberté de penser aussi fermement que je désire que les deux autres branches conservent le même privilège. Si je me croyais dans l’erreur, je reconnaîtrais à l’instant mon tort, mais je crois qu’il est de mon devoir de maintenir mon opinion. La chambre doit savoir qu’il existe un tribunal constitutionnel compétent pour examiner sa décision, et je suis prêt, en tout temps, à me soumettre à ce tribunal. En appeler au peuple est inconstitutionnel et peu sage ; en appeler à ses passions est chose plus que blâmable ; mais je me suis toujours montré disposé à m’en remettre au bon sens de la chambre d’assemblée, j’en appelle encore avec confiance à son bon sens.

« M’étant ainsi rejeté sur l’intégrité de l’assemblée je pouvais raisonnablement m’attendre qu’on interpréterait favorablement mes actes et mes paroles, et que la disposition que j’avais montrée à donner les plus amples renseignemens, et à me prêter aux désirs et à l’attente de cette chambre, serait duement appréciée ; mais les événemens qui eurent lieu immédiatement m’apportèrent la désagréable nouvelle que l’on avait fait des efforts, sous prétexte que la constitution était en danger, pour tromper l’esprit public et répandre la croyance que moi, comme lieutenant-gouverneur, j’avais énoncé une opinion en faveur du gouvernement arbitraire et irresponsable ; que j’avais montré