Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/393

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Quoiqu’ils forment une majorité dans le Bas-Canada, ils sont, non-seulement une petite minorité dans l’immense population de l’Amérique du Nord, mais même une minorité dans les colonies britanniques de ce continent. Entourés, comme ils le deviennent journellement, par le nombre supérieur d’une race d’hommes plus entreprenants qu’eux, parlant une langue différente, il n’est guère possible de supposer que, si on leur retirait la protection du gouvernement anglais, ils ne pourraient éviter d’être engloutis dans le torrent qui se déborderait sur eux.[1] Si le Canada était devenu, en 1776 ou en 1812, un état de l’Union américaine, il n’y a pas de doute qu’il ne fût devenu moins français qu’il ne l’est présentement.

« Lorsque nous voyons ce qu’est le Canada, et encore plus, quand nous nous figurons ce qu’il pourrait être, sans ses dissentions politiques, nous devons nier que la condition de colonie britannique ne soit pas une condition à envier… Il n’y a aucun pays où la taxation soit aussi légère, et la sécurité individuelle plus grande, aucun plus exempt de maux physiques et moraux : et, à la jouissance de cet état, une seule condition est attachée, (et elle est loin d’être onéreuse) savoir : une soumission raisonnable à l’autorité indulgente qui le protège et le soutient. »

Malgré qu’ils dussent voir, qu’au temps où ils parlaient, presque tout le mal venait de la composition de

  1. « It is questionable whether any conguered country was, ever better treated by its conquerors than Canada. They were left in complete possession of their religion and revenues to support it ; of their properties, laws, customs and manners, and even the defending of their country is without expense to them. It would seem as if the trouble and expense of the government was taken off their hands, and as if they were left to enjoy their own domestic conforts, without a drawback. Such is certainly the appearance of the population, and it is doubtful whether our own favored communities are polilically more happy. — M. Silliman, Travels in America.